03 Nov 2010

Journal Sud-Ouest, mardi 19 octobre 2010

ON Y ETAIT….
EVANGELISTES
Quatuor MODIGLIANI (Musique de chambre)
Ils ne jouent plus sur les “évangélistes”, taillés dans le même tronc par le luthier français Jean-Baptiste Vuillaume en 1863. La fondation suisse qui leur prêtait ces quatre instruments mythiques imposait des conditions trop draconniennes à leur utilisation, en particulier pour les enregistrements. Mais ils ont trouvé des instruments italiens plus anciens d’aussi belle facture. Ils n’ont rien perdu en équilibre ni en homogénité, et ilsont encore gagné en splendeur sonore. Les véritables évangélistes qui proclament la bonne nouvelle musicale de par le monde, ce sont eux, les interprètes !
Le Quatuor Modigliani est donc toujours plus brillant et n’a qu’un défaut -péché de jeunesse- il veut le montrer tout le temps, même dans dans Haydn. Trop de rubato, trop de vibrato, trop d’effets calculés noient l’alacrité de l’Opus 77 n° 1 composé par l’éternel gamin, presque septuagénaire.
Dans Debussy en revanche, le bonheur est total. Le premier mouvement est “animé et très décidé” comme le compositeur l’a souhaité. Dans le deuxième, Philippe Bernhard fait merveilleusement contraster les longues phrases rêveuses et les interventions fulgurantes sur la corde de sol. Fluidité et sensualité règnent sur l’Andantino. E le feu d’artifice final s’achève sur une fusée du premier violon qu’on n’a jamais entendue aussi étiencelante.
La lutte acharnée d’Eros et de Thanatos dans l’Opus 80 de Mendelssohn est aussi magistralment rendue. A quoi bon les mots pour la décrire ? Tout un chacun peut la ressentir en écoutant le CD que le Quatuor Modigliani vient d’enregistrer pour Mirare. Mais le fantiastique élan romantique de l’Assai agitato du 3ème quatuor de Schumann, donné en bis, n’était pas moins bouleversant
François Clairant
Dimanche Dernier dans les chais du Château Pichon-Longueville à Pauillac, à l’initiative de Musique au Coeur du Médoc.
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Musique au Coeur du Médoc